Hommage à Sassi Dehmani, un pionnier de la lutte pour la défense de l’identité berbère en Libye

Samedi 16 février 2019, disparaissait, à Zouara, Sassi Dehmani, écrivain, poète, peintre et militant de la cause berbère de la première heure.

Né le 1er octobre 1950 à Zouara. Après une licence d’enseignement général obtenue en 1972, il a travaillé comme instituteur jusqu’à 1980, date à laquelle il fuit la Libye où les militants de la cause berbère étaient particulièrement traqués. Sassi Dehmani était proche de Saïd Sifaw, un autre poète et écrivain, visé également par le régime de Kadhafi. En 1979, ce penseur, poète et écrivain amazigh avait fait objet d’une tentative d’assassinat. Handicapé à vie, il continuera son combat pour la dignité jusqu’à sa mort en 1994 à Djerba (Tunisie).

Sassi Dehmani a quitté la Libye pour échapper au pire. En effet, la terreur aveugle du régime avait ponctué la vie des militants de la cause berbère en Libye, contraints à l’exil. Le régime de Kadhafi a tué, a mutilé et a exécuté des dizaines de militants. Durant les années 1970, le régime libyen a assassiné Ali Yaya Maamar, écrivain, et le Docteur Omar Nami, professeur à l’université de Tripoli. Leur crime était d’oser défendre l’identité amazighe.

La barbarie avait atteint son paroxysme en 1984 avec la pondaison publique de plusieurs étudiants amazighs dans le campus de l’université de Tripoli. En 1985, le même sort a été réservé à Ferhat Ammar Hleb, un jeune amazigh revenu au pays au terme d’études effectuées aux Etats Unis. Il a été pendu sur une place publique à Zouara au cœur du pays amazigh. Ferhat était connu pour ses positions favorables à l’identité amazighe.

La barbarie avait atteint son paroxysme en 1984 avec la pondaison publique de plusieurs étudiants amazighs dans le campus de l’université de Tripoli. En 1985, le même sort a été réservé à Ferhat Ammar Hleb, un jeune amazigh revenu au pays au terme d’études effectuées aux Etats Unis. Il a été pendu sur une place publique à Zouara au cœur du pays amazigh. Ferhat était connu pour ses positions favorables à l’identité amazighe.

Certains des plus « chanceux » parmi les militants, qui ont réussi à fuir le pays, ont été rattrapés par les services secrets de Kadhafi et assassinés. C’est ainsi que le 26 juin 1987, Youssef Salah Kherbich a été tué à Rome (Italie). Ces crimes macabres sont légitimés au nom d’une idéologie barbare, raciste et impérialiste : l’arabo-islamisme.

Sassi Dehmani s’était installé en France où il a exposé de nombreux tableaux de peintures et a participé à des récitals de poésie contemporaine dans la ville de Toulouse et sa région. Ses écrits et contes sont écrits en Tamazight et traduits en Français. En A997, le Prix Saïd Sifaw de création littéraire lui a été décerné à Tamazgha Occidentale.

Sassi Dehmani avait publié un recueil de nouvelles, Amwan n uccanen (l’automne des chacals). Il est également l’auteur d’un roman intitulé Tunnit n itran (le cercle des étoiles/ non édité) et aussi d’un dictionnaire Berbère-Français de Zouara (Tanfusit).

Un recueil de poèmes (bilingue, Berbère-Français) intitulé Imnaren (Seuils de nuit) a été publié par la Fondation Tawalt. Sans oublier que Feu Sassi Dehmani était l’un des fondateurs des revues berbères Tifinagh publiée en 1984 et Tamazgha (1988) et l’auteur de plusieurs pièces de théâtre en berbère de Libye.

Sassi Dehmani est retourné en Libye après la chute de Kadhafi, en 2014.

Le meilleur hommage qu’on puisse rendre à Sassi Dehmani est d’éditer ses œuvres toujours inédites.

Aksil Azergui

Laisser un commentaire